Salle André Gorz

Qui est André Gorz ?

André Gorz est l’un des intellectuels les plus stimulants du XXe siècle. Disciple de Sartre, très influencé par Ivan Illich, il fut tout à la fois journaliste engagé, critique économique, penseur de l’autonomie et pionnier de l’écologie politique en France.

Auteur d’une magnifique lettre d’amour

Né en Autriche, André Gorz a passé la majeure partie de sa vie à Paris avant de s’installer dans l’Aube, à Vosnon. C’est dans ce petit village du Pays d’Othe qu’il a écrit son livre le plus célèbre, Lettre à D., adressé à sa femme.

Tu viens juste d’avoir quatre-vingt-deux ans. Tu es toujours belle, gracieuse et désirable. Cela fait cinquante-huit ans que nous vivons ensemble et je t’aime plus que jamais. Récemment je suis retombé amoureux de toi une nouvelle fois et je porte de nouveau en moi un vide dévorant que ne comble que ton corps serré contre le mien. La nuit je vois parfois la silhouette d’un homme qui, sur une route vide et dans un paysage désert, marche derrière un corbillard. Je suis cet homme. C’est toi que le corbillard emporte. Je ne veux pas assister à ta crémation ; je ne veux pas recevoir un bocal avec tes cendres. (…) je me réveille. Je guette ton souffle, ma main t’effleure. Nous aimerions chacun ne pas avoir à survivre à la mort de l’autre.
Lettre à D., André Gorz.

Penseur majeur de l’écologie politique

Gorz est avant tout un intellectuel engagé. Dès les années 70, il s’est attaqué aux problèmes sociaux et environnementaux soulevés par la rationalité économique en se distinguant, d’emblée, de l’environnementalisme. Aux normes de dépollutions, taxes carbones, ou autres mesures venues du haut, André Gorz a toujours préféré une écologie politique : pour lui, la défense de la nature passait par une meilleure compréhension de notre vie, de nos actes et du fonctionnement de notre société.
Il voulait réduire la sphère marchande dans nos vies et développer les activités autonomes en tout genre (artistiques, productions artisanales, jardinage, bricolage, etc.). Il prônait la création d’ateliers et de services publics dans tous les villages et dans tous les quartiers (à l’image de l’atelier vélo solidaire des Viennes), l’utilisation de techniques ouvertes (que chacun peut maîtriser) et bien d’autres choses.

La richesse et l’étendue de ses idées ne peuvent être développées ici ; rappelons seulement qu’aujourd’hui plus que jamais, la pensée gorzienne nous est nécessaire. Pourtant, ses idées si visionnaires, ses anticipations si précises – telles la crise financière mondiale de 2008 ou la fin du plein emploi – peinent à trouver l’écho qu’elles méritent dans notre réflexion sociale et politique.

Lettre à G., un film réalisé par quatre aubois

Quatre personnes originaires de l’Aube, dont l’un des membres d’Ecol’Aube, réalisent en ce moment un film sur André Gorz. Le tournage s’est déroulé cet été pendant plus de trois semaines en grande partie à Vosnon, dans le Pays d’Othe.

Manon, 26 ans, rejoint sa maison familiale à Vosnon, dans la campagne auboise, pour prendre ses distances avec Paris où elle a fait ses études. Diplômée et sans emploi pérenne, le sort de la précarité l’étouffe.
Elle se promène dans le village de son enfance lorsqu’elle croise un camion de télévision allemande devant une maison voisine. Elle apprend par hasard qu’un penseur majeur de l’écologie politique y a vécu vingt ans et passé ses derniers moments : André Gorz.
Manon se décide à enquêter sur ce mystérieux philosophe dont personne ne lui a jamais parlé. Elle lit ses livres, s’intéresse à sa vie, et va s’en trouver bouleversée dans ses choix quotidiens. Un dialogue se noue entre elle et ce théoricien de la décroissance, du travail, de l’autonomie et du revenu universel.
Synopsis provisoire du film Lettre à G.

Vous pourrez découvrir ce film l’été prochain. Plusieurs projections du film sont prévues dans le département.

Les animations prévues dans la salle André Gorz sur le festival le dimanche

  • 11h : Projection du film en présence de l’équipe du film : « Les tribus de la récup‘ »
    Il est parfois tentant de se dire que la vie des déchets s’arrête aux poubelles domestiques. La plupart du temps, c’est là que tout commence.
    Une vision plus écologique mais aussi humaniste permet de mettre en œuvre d’autres modes de fonctionnement sociétaux. Les réalisatrices, Emmanuelle Zelez et Laurence Doumic, s’intéressent aux mouvements parfois imperceptibles qui font évoluer les choses dans ce domaine et mettent en lumière un nouveau phénomène communautaire : l’anti-gaspillage. Grâce à de nombreux témoignages de membres de ces « tribus », ce film documentaire nous montre que la récupération n’est plus une pratique à la marge du modèle sociétal. Désormais très bien organisée, cette nouvelle génération demande plus d’équité et d’écologie sociale. Les tribus de la récup’, le futur de nos sociétés modernes ?…
    Voir la bande annonce en cliquant ici.
    Durée : 52’ + échanges
  • 14h : Conférence – Transition énergétique : où en sommes-nous ?
    Avec Gwennyn Tanguy (ambassadrice negaWatt) et Christophe Dumont (Enercoop)
    Durée : 1h30
  • Bure, la bataille du nucléaire – Livre

    16h : Conférence de Gaspard d’Allens « Bure, La bataille du nucléaire »
    Récit d’une lutte écologique à deux pas d’ici, la lutte contre les déchets nucléaires
    « À 500 mètres de profondeur dans les entrailles de la terre, la filière nucléaire projette de creuser un caveau pour l’éternité. » Ainsi commence le livre-enquête où l’engagement politique se mêle au regard du journaliste pour raconter l’histoire en cours d’une rébellion déterminée contre la violence du monde industriel. Ils révèlent les méthodes manipulatrices des nucléaristes, et la façon dont l’État achète les consciences pour imposer le silence. Le combat vaut d’être mené : ce récit impétueux et pourtant réfléchi convainc qu’il est possible de faire reculer les puissants. Plutôt que la contamination radioactive, parier sur la contagion joyeuse d’une force de résistance.
    En savoir plus : reporterre.net
    Durée : 1h30